le blog

« Le courtier doit affirmer sa valeur de conseil au cœur d’un marché en mutation »

Rédigé par ERIC DEBESE | 10 nov. 2025 08:26:14

À l’occasion du salon RENT, Bruno Rouleau, Délégué général et cofondateur de la Fédération du Courtage en Crédit, était invité sur le plateau du magazine Expression pour évoquer les grandes évolutions du marché du crédit immobilier et les priorités de la Fédération à l’horizon 2026.

Portabilité des crédits : une fausse bonne idée dans le contexte français

Interrogé sur sa prise de position à propos de la portabilité des crédits immobiliers, Bruno Rouleau a rappelé que si l’idée, inspirée des modèles anglo-saxons, pouvait paraître séduisante, elle restait incompatible avec la réglementation française.

« En France, la législation privilégie la protection du consommateur. Une banque ne peut transférer un crédit sans s’assurer à nouveau de la capacité de remboursement de l’emprunteur. Une telle portabilité annulerait cette protection essentielle. »

Pour le Délégué général, la réflexion sur de nouveaux outils de financement mérite d’être poursuivie, mais le cadre légal actuel ne permet pas de transposer ce type de dispositif.

Un marché tendu qui renforce le rôle du courtier

Face à un marché du crédit immobilier marqué par la hausse des taux, le durcissement des conditions d’octroi et l’ajustement des prix du logement, Bruno Rouleau estime que les courtiers n’ont jamais été aussi légitimes.

« C’est dans les périodes tendues que le courtier démontre toute sa valeur. Il n’est pas seulement un négociateur de taux, mais un véritable accompagnateur de projet, un ingénieur du financement et un conseiller de confiance. »

Alors que les écarts de taux se resserrent – autour de 3,30 % sur 15 ans, 3,45 % sur 20 ans et 3,55 % sur 25 ans –, la différence ne se joue plus uniquement sur le coût du crédit, mais sur la qualité de l’accompagnement et du conseil.

Les chantiers prioritaires de la Fédération

Pour les mois à venir, la Fédération du Courtage en Crédit entend poursuivre plusieurs axes structurants :

  1. Renforcer la place du courtage au sein de l’écosystème bancaire et du logement, afin d’être pleinement reconnu comme un partenaire institutionnel.

  2. Développer de nouveaux produits adaptés à l’évolution démographique, notamment à la séniorisation de la population :

    « Ce n’est pas parce qu’on a 60 ou 70 ans qu’on ne peut plus emprunter ni porter un nouveau projet de vie », souligne Bruno Rouleau.

  3. Professionnaliser encore davantage la filière, à travers la formation, la certification et la valorisation des bonnes pratiques.

  4. Engager la Fédération sur les enjeux sociétaux et environnementaux, en intégrant la RSE au cœur du métier d’intermédiaire.

« Le greenwashing bancaire ne doit pas être seul. Notre profession doit aussi assumer sa part de responsabilité et transmettre un modèle plus durable à la nouvelle génération. »

Vers une intermédiation plus responsable et mieux intégrée

Enfin, la Fédération poursuit son travail sur les directives européennes, notamment la révision du cadre du crédit à la consommation, dont le plafond passe de 75 000 € à 100 000 €. Une évolution majeure qui pourrait, à terme, permettre le financement de certains biens immobiliers via le crédit conso.

🎙️ Retrouvez l’interview complète de Bruno Rouleau, enregistrée en direct du Salon RENT, sur la chaîne YouTube du magazine Expression.